Chaque année, la Fête du Printemps marque un temps fort en Chine, tant sur le plan culturel qu’économique. L’édition 2025 n’a pas dérogé à la règle, affichant des indicateurs de croissance significatifs, reflétant la vitalité du marché intérieur et l’essor du tourisme. Cet événement est devenu un véritable moteur économique, démontrant la capacité de la Chine à allier tradition et modernité. 

Une consommation en forte hausse portée par l’innovation 

Selon les données du ministère chinois du Commerce, les ventes des principales entreprises de vente au détail et de restauration ont augmenté de 5,4 % par rapport à l'année précédente. Le secteur de la restauration a connu un essor particulier, avec une hausse de 5,1 % du chiffre d'affaires. L’essor du numérique et des plateformes de réservation en ligne, telles que Meituan, a transformé les habitudes de consommation, entraînant une explosion de 305 % des réservations pour le dîner du réveillon. 

Par ailleurs, l’attrait pour le patrimoine culturel immatériel a stimulé le commerce artisanal, les ventes de produits traditionnels ayant été multipliées par 12. Une autre tendance notable est la politique de remplacement des anciens équipements par du neuf. Cette initiative a encouragé le renouvellement des appareils électroménagers et des véhicules, entraînant une croissance de plus de 100 % des commandes dans certaines zones urbaines et rurales. 

Un tourisme en plein essor 

Le tourisme national et international a connu une croissance spectaculaire. Durant la période festive, les déplacements interrégionaux ont atteint 4,8 milliards, un record en hausse de 7,2 %. La ville de Harbin, célèbre pour ses sculptures de glace, a accueilli plus de 2 millions de visiteurs. 

Les flux touristiques internationaux sont également en forte progression. L’augmentation de 203 % des réservations de voyages en Chine illustre l’intérêt grandissant des visiteurs étrangers, grâce à l’assouplissement des politiques de visa et au renforcement des connexions aériennes. En parallèle, les voyages des Chinois à l’étranger vers des destinations comme la France, l’Italie et le Japon ont respectivement progressé de 114 %, 105 % et 142 %. 

Le tourisme thématique a également gagné en popularité, notamment les visites autour du patrimoine culturel immatériel, qui ont connu une hausse de 174 %. Des destinations comme Datong et Jingdezhen ont vu leur fréquentation touristique doubler. 

L’essor du secteur culturel et médiatique 

L’industrie cinématographique a battu des records durant la Fête du Printemps, générant plus de 8 milliards de yuans de recettes, dépassant ainsi le record de 2024. Le nombre de spectateurs a franchi la barre des 200 millions, confirmant la place de la Chine comme premier marché mondial du box-office. 

Le Gala du Festival du Printemps a également connu une audience exceptionnelle. Les nouvelles plateformes numériques ont enregistré 2,817 milliards de vues, soit une augmentation de 690 millions par rapport à l'année précédente. La diffusion internationale s’est intensifiée, touchant 1,59 milliard de spectateurs dans 82 langues. 

Une économie chinoise résiliente et en croissance 

Ces performances s’inscrivent dans un contexte économique solide. En 2024, le PIB chinois a dépassé les 134 908 milliards de yuans, avec une croissance annuelle de 5,0 %, confirmant la position du pays comme deuxième économie mondiale. Les industries technologiques et manufacturières continuent de croître, avec une progression notable dans la production de haute technologie et les industries de l’équipement. 

Le marché du travail a également bénéficié de cette dynamique, avec un taux de chômage urbain de 5,1 %, en légère baisse. Le revenu disponible par habitant a augmenté de 5,1 %, stimulant ainsi la consommation intérieure. 

Vers un renforcement des partenariats économiques franco-chinois 

Cette dynamique économique chinoise, illustrée par la Fête du Printemps 2025, ouvre des perspectives significatives pour la France. Dans un monde où les interdépendances économiques deviennent de plus en plus cruciales, renforcer le dialogue et les synergies avec la Chine apparaît comme une opportunité stratégique. 

Le dynamisme du marché chinois, notamment dans les secteurs du commerce, du tourisme et des industries culturelles, représente un levier de croissance pour les entreprises françaises. L’augmentation exponentielle du tourisme entrant en Chine et l’engouement pour les expériences immersives du patrimoine culturel immatériel démontrent un intérêt grandissant pour des offres qualitatives et différenciées. Ainsi, les marques françaises du luxe, de la gastronomie et du savoir-faire artisanal ont un rôle à jouer en s’intégrant aux nouvelles tendances de consommation en Chine. Des enseignes comme LVMH, qui investissent dans une approche locale adaptée aux spécificités culturelles chinoises, montrent déjà comment une coopération économique renforcée peut être fructueuse. 

Le développement des politiques de modernisation chinoises, notamment à travers la transition écologique et la digitalisation, est un autre axe à explorer. La France, avec son expertise dans les énergies renouvelables, l’aéronautique et la mobilité durable, pourrait davantage s’engager dans des partenariats stratégiques. L’accord signé en 2023 entre EDF et China General Nuclear Power Group (CGN) pour la coopération dans le nucléaire civil ou encore la collaboration entre Airbus et la Chine pour la construction d’avions moins polluants sont des exemples concrets de cette complémentarité. 

Le dialogue sino-français peut aussi s’enrichir dans le domaine de la culture et du numérique. La Chine, avec son industrie du divertissement florissante et l’essor de ses plateformes de streaming, représente un marché clé pour les productions cinématographiques et artistiques françaises. Les récents succès des films français en Chine, comme Les Misérables de Ladj Ly ou encore les expositions d’artistes français à Beijing et Shanghai, témoignent de l’appétence pour une offre culturelle diversifiée et qualitative. 

Dans ce contexte, il est essentiel d’encourager une diplomatie économique agile et constructive, basée sur un dialogue constant et une compréhension mutuelle. La relation entre la France et la Chine, marquée par soixante ans d’échanges diplomatiques solides, doit se prolonger à travers une coopération économique qui favorise l’innovation, le respect des spécificités culturelles et la mise en place de stratégies gagnant-gagnant. Comme le rappelait Confucius : « Quand trois marchent ensemble, il y en a forcément un qui peut m’apprendre quelque chose. » Cette sagesse illustre la nécessité pour la France et la Chine d’apprendre l’une de l’autre afin de bâtir un futur économique plus équilibré et prospère. 

*SONIA BRESSLER est fondatrice de La Route de la Soie-Éditions