« Le monde d’aujourd’hui traverse des transformations et des turbulences. Dans ce contexte, la certitude est devenue une ressource rare. Les choix des différents pays, notamment des grands pays, détermineront la direction de notre époque et influenceront l’échiquier mondial. La diplomatie chinoise se tiendra fermement du bon côté de l’Histoire et du progrès de l’humanité, et œuvrera à stabiliser notre monde incertain par la certitude qu’incarne la Chine », a déclaré Wang Yi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et ministre des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse à l’occasion de la troisième session de la 14e Assemblée populaire nationale. Au cours de cette conférence tenue le 7 mars, il a répondu aux questions de journalistes chinois et étrangers sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine. Parmi les nombreux sujets abordés, la rédaction en a sélectionné cinq pour partager avec les lecteurs : les relations sino-américaines, les relations sino-européennes, les relations sino-africaines, le Sud global et la gouvernance mondiale.
Relations sino-américaines : coexistence pacifique
Le respect mutuel est une norme fondamentale régissant les échanges interétatiques et un préalable essentiel aux relations sino-américaines. Aucun pays ne peut nourrir l’illusion de développer de bonnes relations avec la Chine tout en cherchant à la réprimer ou à la contenir. Cette pratique de double jeu ne contribue ni à la stabilité des relations bilatérales ni à la confiance mutuelle.
Les États-Unis doivent tirer des leçons des conséquences de leurs guerres tarifaire et commerciale des dernières années. Le déficit commercial a-t-il augmenté ou diminué ? L’industrie manufacturière est-elle devenue plus ou moins compétitive ? L’inflation s’est-elle atténuée ou aggravée ? Et enfin, les Américains vivent-ils mieux ou moins bien ? Ces questions méritent réflexion.
Les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis se développent dans les deux sens et reposent sur la réciprocité. Choisir la coopération apportera des bénéfices mutuels, tandis que les pressions unilatérales entraîneront des contre-mesures fermes de la part de la Chine.
La Chine et les États-Unis, respectivement le plus grand pays en développement et le plus grand pays développé au monde, sont appelés à coexister pacifiquement. Comme l’a indiqué le président Xi Jinping lors de son entretien téléphonique avec le président Donald Trump au début de l’année, le conflit et la confrontation ne doivent pas être une option. La Chine et les États-Unis partagent de larges intérêts communs et disposent d’un vaste potentiel de coopération. Ils peuvent devenir partenaires pour réussir et prospérer ensemble.
La Chine poursuivra le principe de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant avancé par le président Xi Jinping pour œuvrer à un développement stable, sain et durable des relations sino-américaines. Dans le même temps, elle espère que les États-Unis sauront écouter les aspirations des peuples chinois et américain, discerner les grandes tendances de l’Histoire, porter un regard objectif et rationnel sur le développement de la Chine, mener de manière active et pragmatique des échanges avec elle, et travailler avec elle pour établir un modèle de coexistence mutuellement bénéfique, non seulement pour les deux nations, mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale.
Stand de produits carnés français dans la Zone d’exposition des produits alimentaires et agricoles de la 7e CIIE, le 9 novembre 2024
Relations sino-européennes : un partenariat stratégique pour l’avenir
Cette année marque le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’Union européenne (UE). Au cours de ces cinq décennies, les échanges entre la Chine et l’UE ont démontré que le respect mutuel constitue l’expérience la plus précieuse, que le bénéfice partagé en est la force motrice la plus puissante, que l’attachement au multilatéralisme représente le consensus le plus solide, et que le partenariat en est la définition la plus pertinente.
Durant ces 50 années, la coopération Chine-UE a réalisé des progrès remarquables. Le volume de leurs échanges commerciaux est passé de 2,4 milliards à 780 milliards de dollars. Les investissements réciproques, autrefois quasi inexistants, ont atteint environ 260 milliards de dollars. Par ailleurs, les lignes de fret ferroviaire Chine-Europe, avec plus de 100 000 convois expédiés, sont devenues un corridor d’or reliant l’Asie et l’Europe.
Aujourd’hui, 50 ans après, la Chine et l’UE représentent plus d’un tiers de l’économie mondiale. La coopération sino-européenne a une portée stratégique et internationale encore plus importante. Une relation saine et stable entre la Chine et l’UE ne contribuera pas seulement à la réussite de l’une comme de l’autre, mais apportera également une lumière essentielle à notre monde.
Comme l’a indiqué le président chinois lors de son entretien téléphonique avec le président du Conseil européen António Costa au début de cette année, plus la situation internationale se complexifie, plus la Chine et l’UE doivent rester fidèles à leur engagement initial scellé il y a 50 ans. Il est crucial d’intensifier leur communication stratégique, de renforcer leur confiance stratégique mutuelle et de continuer à se considérer comme des partenaires essentiels. La Chine garde une confiance inébranlable en l’Europe, et est convaincue que l’UE demeurera un partenaire fiable. La Chine et l’UE sont en mesure de résoudre les problèmes existants par des consultations amicales, ouvrant ainsi la voie à cinq nouvelles décennies de coopération encore plus prometteuses.
Relations sino-africaines : l’apogée historique de la coopération et de l’amitié
La Chine et l’Afrique sont depuis toujours bons amis, bons partenaires et bons frères partageant le même destin. Sous l’impulsion du président Xi Jinping et des dirigeants africains, les relations sino-africaines ont atteint leur apogée historique. Les relations bilatérales entre la Chine et chacun des pays africains ayant établi des liens diplomatiques avec elle ont été portées au niveau de partenariat stratégique, tandis que la communauté d’avenir partagé Chine-Afrique a été hissée au niveau d’une communauté d’avenir partagé de tout temps.
L’Afrique est une terre prometteuse au XXIe siècle. Sans sa modernisation, il n’y aura pas de modernisation mondiale. La stabilité et le développement de ce continent mettent en jeu l’avenir commun de l’humanité. Le monde doit écouter la voix de l’Afrique et prendre au sérieux ses préoccupations. Elle connaît aujourd’hui un nouvel éveil et les pays du monde doivent la soutenir dans ses efforts pour trouver une nouvelle voie de développement autonome.
Cette année marque le début de la mise en œuvre des acquis du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine. La Chine s’engage, dans le cadre des dix Actions de partenariat sur la modernisation, à accompagner l’Afrique pour accélérer son industrialisation et sa modernisation agricole, à mettre en œuvre le traitement de tarif douanier zéro pour 100 % des catégories de produits et à développer de nouveaux pôles de croissance tels que le numérique, le développement vert et l’intelligence artificielle. Elle œuvrera également à la réalisation de 1 000 projets de bien-être social petits et beaux, à renforcer les échanges d’expériences sur la gouvernance et à augmenter la représentation et le droit à la parole de l’Afrique dans les affaires internationales. Cette année, le sommet du G20 se tiendra pour la première fois sur le continent africain. La Chine soutient fermement la présidence sud-africaine et espère que cet événement laissera une empreinte africaine significative dans la gouvernance mondiale.
L’Université agricole de Chine et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture organisent une réunion d’observation sur le terrain à la Cour des sciences et technologies de Lisasadazi (Malawi), le 29 avril 2024.
La Chine aura son cœur et ses racines dans le Sud global
Le monde d’aujourd’hui est en pleine mutation, une dynamique principalement portée par le Sud. Le renforcement du Sud global est l’une des caractéristiques les plus marquantes de notre époque. Représentant aujourd’hui plus de 40 % de l’économie mondiale et contribuant à hauteur de 80 % à la croissance mondiale, il est devenu un acteur clé pour préserver la paix, stimuler le développement et renforcer la gouvernance mondiale.
Sur fond de transformations profondes et inédites depuis un siècle, la dynamique des relations entre l’est et l’ouest, ainsi qu’entre le sud et le nord, connaît des changements historiques. Pour construire un monde plus stable et meilleur, le Sud global est appelé à jouer un rôle central.
La Chine, par son histoire commune de lutte contre le colonialisme et l’hégémonisme, ainsi que par sa mission partagée de développement et de revitalisation, est un membre naturel du Sud global. Quels que soient les aléas internationaux, elle aura toujours son cœur et ses racines dans le Sud global. Elle est prête à travailler avec tous les autres pays du Sud pour écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de l’humanité.
Les sciences et technologies ne doivent pas être érigées en un rideau de fer, mais plutôt devenir une richesse bénéfique pour tous. Pour promouvoir le développement commun de l’humanité, la Chine s’engage pleinement dans la mise en œuvre de l’Initiative mondiale pour la gouvernance de l’intelligence artificielle, avancée par le président Xi Jinping. Elle a publié le Plan d’action sur le renforcement des capacités en matière d’intelligence artificielle pour le bien et pour tous, et a lancé, avec le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Union africaine, l’Initiative sur la coopération internationale pour la science ouverte. Elle appelle à renforcer les capacités technologiques du Sud global pour qu’aucun pays ne soit laissé en arrière.
La Chine joue un rôle pilier dans le système multilatéral
Cette année marque le 80e anniversaire de la fondation de l’ONU. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la décision la plus importante prise par la communauté internationale a été la création de l’ONU, une plateforme centrale pour préserver la paix mondiale et promouvoir la gouvernance mondiale. Comme les faits l’ont prouvé, l’ONU a résisté aux épreuves et a continué à jouer son rôle.
Les pays du monde souhaitent tous éviter un retour à la loi de la jungle. Pour ce faire, premièrement, il faut consolider la pierre angulaire qu’est l’égalité souveraine. Il est essentiel de reconnaître que tous les pays, grands ou petits, puissants ou faibles, sont membres égaux de la communauté internationale. Il est défendu que les plus puissants imposent leur volonté au monde. Deuxièmement, il faut poursuivre le principe de l’équité et de la justice en s’opposant à la monopolisation des affaires internationales par une minorité de pays et en veillant à ce que la voix du Sud global soit davantage entendue. Les droits et intérêts légitimes des différents pays doivent être pleinement protégés. Troisièmement, il faut s’en tenir au multilatéralisme. Cela implique de promouvoir des consultations approfondies, une contribution collective et des bénéfices partagés, de remplacer la confrontation par l’inclusion et la coopération, et de privilégier une grande solidarité plutôt que des « petits cercles ». Quatrièmement, il est nécessaire de renforcer l’autorité de l’état de droit international. Les grandes puissances, en particulier, doivent donner l’exemple en honorant leurs engagements et en respectant l’état de droit, rejeter le deux poids deux mesures et les approches sélectives et s’abstenir de tout acte d’intimidation, de tromperie et d’extorsion.
La Chine, à la fois fondatrice et bénéficiaire de l’ordre international d’après-guerre, en est naturellement aussi un défenseur et un bâtisseur engagé. Elle n’a aucune intention de créer un nouvel ordre ni ne soutient les tentatives, de quelque pays que ce soit, d’en faire table rase. Membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et consciente des responsabilités internationales qui lui incombent, la Chine préservera résolument le rôle central des Nations unies, jouera un rôle pilier dans le système multilatéral et plaidera la juste cause du Sud global.
*Texte basé sur les propos de Wang Yi