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Le plan stratégique qui guide le développement de la Chine

2025-07-02 17:28:00 Source: La Chine au présent Auteur: Lü YAN*
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Depuis des décennies, les plans quinquennaux de la Chine façonnent son essor économique et social avec une vision claire et une exécution méthodique. 

Les panneaux photovoltaïques installés au bord de l’autoroute Shanghai-Wuhan, entourés de bandes végétalisées, à Yuexi (Anhui), le 17 juin 2025. 

En juillet 1956, la Première Usine Automobile de Changchun (Jilin) produisait la première voiture de la République populaire de Chine, offrant un aperçu des 156 projets clés du Ier plan quinquennal (1953-1957). Aujourd’hui, grâce à la fabrication intelligente, l’usine BYD de Shenzhen (Guangdong) assemble un véhicule électrique par minute, illustrant les progrès réalisés sous le XIVe plan quinquennal (2021-2025).

La planification quinquennale, véritable boussole du développement économique et social de la Chine sur le moyen et long terme, fixe les objectifs nationaux et les priorités dans les différents secteurs sur cinq ans.

Pour le vice-doyen de l’Institut des études contemporaines sur la Chine de l’Université Tsinghua, Yan Yilong, « ce système demeure l’un des rares au monde à maintenir une planification à moyen et long terme efficace, démontrant les atouts du socialisme à la chinoise ».

« Ces plans allient vision stratégique et flexibilité, en phase avec la mentalité chinoise et la pensée sur le long terme de la Chine », explique l’universitaire britannique et commentateur politique Martin Jacques à Xinhua.

Alors que le XIVe plan quinquennal s’achève, le Rapport d’activité du gouvernement 2025, publié en mars, souligne l’importance d’atteindre tous ses objectifs pour un bon démarrage du XVe plan quinquennal (2026-2030).

L’évolution

Depuis le Ier plan quinquennal, ces plans ont non seulement guidé la transformation de la Chine, mais se sont aussi adaptés aux défis de chaque époque.

Les premières années de la République populaire de Chine ont marqué une orientation claire vers l’industrialisation lourde. Le Ier plan quinquennal (1953-1957), lancé dans une Chine à l’économie fragile et à la base industrielle quasi inexistante, a priorisé la construction d’industries fondamentales. Cette approche a progressivement évolué, comme en témoigne le VIe plan quinquennal (1981-1985) qui a intégré pour la première fois des objectifs sociaux ambitieux dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la culture, parallèlement aux réformes économiques en cours. Le IXe plan quinquennal (1996-2000) a introduit la notion de moyenne aisance, qui trouvera son aboutissement avec le XIIIe plan quinquennal (2016-2020) ayant permis d’établir une société de moyenne aisance dans tous les domaines.

Sur le plan méthodologique, les plans quinquennaux ont introduit des innovations majeures. Le VIIe plan quinquennal (1986-1990) a marqué un tournant en établissant pour la première fois un objectif quantitatif de croissance du PIB. Cette approche s’est perfectionnée avec le XIe plan quinquennal (2006-2010) qui a fixé un objectif ambitieux de réduction de 20 % de l’intensité énergétique. Depuis 2006, un système sophistiqué combine objectifs obligatoires, relevant de la responsabilité gouvernementale, et objectifs indicatifs, impliquant la participation de toute la société.

Le XIVe plan quinquennal (2021-2025) représente une nouvelle étape qualitative. Après avoir atteint l’objectif de société de moyenne aisance, la Chine a recentré ses priorités sur la transition écologique, l’autonomie technologique, la prospérité commune, un développement régional équilibré, et une ouverture économique de haut niveau. Comme le souligne Yan Yilong, cette approche démontre une vision holistique du développement de la Chine.


Un drone effectue un semis aérien de riz résistant à la sécheresse et économe en eau, à Anqing (Anhui), le 6 juin 2025.

L’élaboration

La conception d’un plan quinquennal suit une méthodologie structurée alliant la direction du Parti communiste chinois (PCC) et une large participation publique. Le processus débute par les propositions du Comité central du PCC lors d’une session plénière. Le Conseil des Affaires d’État, l’organe administratif suprême de l’État, élabore ensuite un projet de plan qui sera examiné et approuvé par l’Assemblée populaire nationale avant sa publication officielle et sa mise en œuvre.

Tout au long de cette procédure, les contributions du public et des experts sont minutieusement prises en compte. Cette approche permet d’intégrer les avis de divers secteurs et les attentes sociales, et de bâtir un consensus national.

Comme l’explique Yan Yilong, le processus décisionnel comprend plusieurs cycles de discussions, d’études et de retours d’information, visant à recueillir des avis diversifiés et à optimiser la qualité des contributions.

Ce travail préparatoire s’étale généralement sur plusieurs années. L’élaboration du XIVe plan quinquennal adopté en 2021, par exemple, avait commencé dès 2018.

Les résultats

Les plans quinquennaux ont produit des réalisations tangibles. Le Ier plan quinquennal (1953-1957) a jeté les bases industrielles du pays avec la création de la première aciérie et du premier constructeur automobile. Le XIIIe plan quinquennal (2016-2020) a permis à la Chine de se doter du plus grand réseau ferroviaire à grande vitesse au monde, révolutionnant les transports intérieurs.

« Historiquement, ces plans assurent une continuité politique alignée sur les objectifs stratégiques à long terme », explique Yan Yilong. Leur force réside aussi dans leur mise en œuvre rigoureuse : « Les études montrent un taux de réalisation élevé des objectifs fixés. »

Sous l’égide du XIVe plan quinquennal (2021-2025), la Chine conserve sa position de moteur de la croissance mondiale, contribuant à hauteur d’environ 30 % à l’expansion économique globale. Entre 2021 et 2024, son PIB a progressé respectivement de 8,6 %, 3,1 %, 5,4 % et 5 %, des performances qui, bien qu’en ralentissement par rapport aux années précédentes, surpassent celles de la majorité des autres grandes économies.

Le pays dispose désormais du système industriel le plus complet au monde, avec 41 catégories principales, 207 sous-catégories et 666 branches détaillées, selon la Commission nationale du développement et de la réforme. Cet écosystème manufacturier, capable de produire pratiquement tous les types de biens industriels, connaît une montée en gamme accélérée.

Dans le domaine technologique, la Chine a réalisé des percées majeures en recherche fondamentale et dans les technologies clés, couvrant notamment les biosciences, la science des matériaux et l’informatique. En 2024, ses dépenses en R&D ont dépassé 3 600 milliards de yuans, représentant 2,68 % de son PIB, un ratio désormais supérieur à la moyenne des pays de l’UE.

Les progrès sociaux sont tout aussi remarquables. Quelque 50 millions d’emplois urbains ont été créés durant le XIVe plan quinquennal, avec des revenus des ménages suivant la courbe de croissance économique. Les services publics et la protection sociale se sont considérablement renforcés grâce à des mesures concrètes : revalorisations annuelles des pensions, meilleure prise en charge médicale interprovinciale et extension des services communautaires. Parallèlement, la qualité environnementale s’est nettement améliorée à l’échelle nationale, tandis que la sécurité alimentaire et énergétique atteignait des niveaux records.

Les infrastructures de transport battent continuellement des records : 48 000 km de lignes à grande vitesse en service (70 % du total mondial) et 190 000 km de réseau autoroutier, consolidant la première place mondiale de la Chine. Dans le numérique, la puissance de calcul a doublé et la production de données équivaut désormais au contenu combiné de plus de 15 millions de bibliothèques nationales.

Sur la scène internationale, l’influence chinoise s’est significativement accrue durant cette période. L’initiative « la Ceinture et la Route », lancée en 2013, regroupe désormais plus de 150 pays et 30 organisations internationales, stimulant la coopération industrielle et les investissements à l’échelle mondiale. Les initiatives chinoises pour le développement mondial, la sécurité mondiale et la civilisation mondiale ont gagné une large reconnaissance internationale, confirmant le rôle de la Chine comme puissance responsable.

En matière d’ouverture économique, le pays a supprimé toutes les restrictions aux investissements étrangers dans le secteur manufacturier et réduit sa liste négative pour les investissements étrangers à un niveau historiquement bas de 29 éléments.

Des voyageurs dans le hall de la gare de Nanjing, le 2 juin 2025

L’avenir

Lors d’un symposium tenu le 30 avril à Shanghai sur le développement économique et social, le président chinois, secrétaire général du Comité central du PCC et président de la Commission militaire centrale, Xi Jinping a fixé les grandes orientations du prochain plan quinquennal. Il a souligné que le XVe plan quinquennal doit garder pour horizon l’édification d’une nation puissante et le grand renouveau de la nation chinoise, et se concentrer sur l’objectif de réaliser l’essentiel de la modernisation socialiste. Et de noter que les objectifs et les tâches doivent être fixés de manière raisonnable avec des approches et des mesures proposées pour chaque domaine spécifique. Il a ajouté qu’il fallait « rester résolu à mener à bien nos propres affaires et à élargir l’ouverture de haut niveau », et promouvoir le développement de haute qualité sur tous les fronts. « Davantage d’accent doit être mis pour garantir à la fois le développement et la sécurité, avec une évaluation globale des risques et des défis intérieurs comme extérieurs », a-t-il affirmé, appelant à des efforts pour perfectionner le système de la sécurité nationale.

Selon Yan Yilong, le principal défi consistera à maintenir une croissance moyennement rapide malgré la faiblesse de la demande effective. Pour y arriver, il sera nécessaire de développer les nouvelles forces productives de qualité (concept introduit en 2023 désignant une productivité innovante, basée sur les technologies de pointe) afin de stimuler la consommation par la création d’une demande nouvelle, et de donner priorité à la stabilité de l’emploi pour garantir une base de revenus assurant la sécurité financière des ménages.

M. Yan ajoute que des mesures majeures devraient être prises pour promouvoir la prospérité commune, améliorer la répartition des revenus, renforcer le pouvoir d’achat des groupes à revenu moyen et faible, et investir dans le bien-être public. Ces actions peuvent simultanément stimuler la demande intérieure tout en répondant aux préoccupations sociales.

M.Yan insiste sur l’importance cruciale d’aligner les perceptions publiques et entrepreneuriales avec les objectifs politiques. En créant une perspective positive, cette dimension psychologique de la gouvernance économique peut engendrer des cycles auto-renforcés de stabilité et de croissance. De plus, afin de préserver la confiance des investisseurs, la stabilité du système financier nécessite une attention urgente à la réparation des bilans, en particulier dans les secteurs de l’immobilier et des marchés boursiers.

« Les plans quinquennaux chinois offrent à l’économie mondiale une certitude sans précédent, un ancrage essentiel à une époque où le monde est confronté à une profonde imprévisibilité », déclare Wang Huiyao, fondateur et président du Centre pour la Chine et la mondialisation (CCG), à Xinhua.

 

*Lü YAN est journaliste à Beijing Information.

 

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