Raconté à travers des anecdotes d'un groupe de civils réfugiés dans un studio photo, le film relate la brutalité du massacre avec une précision implacable. Ces civils chinois, qui furent contraints de développer des images pour les occupants, documentèrent secrètement les atrocités, n'hésitant pas à risquer leur vie pour révéler la vérité au monde.
MUNICH (Allemagne), 29 août (Xinhua) -- Alors que défilait le générique du film chinois "Dead to Rights" jeudi soir dans un cinéma allemand, Sarah Bahadra était assise là, complètement abasourdie, les yeux humides. D'une voix à peine plus forte qu'un murmure, elle a dit avoir été bouleversée, décrivant le film comme "trop triste...vraiment horrible".
Comme de nombreux Allemands dans la salle comble du Mathaeser Filmpalast, dans le centre de Munich, Sarah Bahadra n'avait jamais entendu parler du massacre de Nanjing, le sujet du film. Lors de ce qui fut l'un des chapitres les plus sombres du 20e siècle, les troupes japonaises prirent d'assaut la ville de Nanjing, alors capitale de la Chine, à l'hiver 1937, et une horreur inimaginable s'y déroula.
En seulement six semaines, des dizaines de milliers de personnes furent torturées et violées de manière inhumaine, la plupart d'entre elles étant des civils innocents. Le massacre fit plus de 300.000 morts.
Raconté à travers des anecdotes d'un groupe de civils réfugiés dans un studio photo, le film relate la brutalité du massacre avec une précision implacable. Ces civils chinois, qui furent contraints de développer des images pour les occupants, documentèrent secrètement les atrocités, n'hésitant pas à risquer leur vie pour révéler la vérité au monde. Lorsque les lumières se sont rallumées dans la salle, certains spectateurs sont restés assis, silencieux, stupéfaits et hésitant à quitter leur siège.
"C'est un film très important", a déclaré Bernd Einmeier, président de l'Association germano-chinoise pour l'économie, l'éducation et la culture, lors d'un entretien accordé à Xinhua après la projection. "Il est également essentiel que l'Europe soit informée du massacre de Nanjing. Car, honnêtement, la plupart des Européens n'en ont jamais entendu parler, ils n'ont aucune idée de ce qui s'y est passé. "
Il estime également que la Chine a payé un lourd tribut à la guerre mondiale contre le fascisme. "Nous avons vu dans ce film tant de souffrances, tant de morts et de blessés, et le traumatisme est immense... La Chine, en tant que nation, s'est unie et a contribué à la paix", a-t-il souligné, ajoutant "le film nous donne également la motivation d'œuvrer pour la paix. Personne ne veut la guerre".
Pour Esref Yavuz, un père allemand présent à la projection, le film a été sa première véritable rencontre avec le massacre de Nanjing. "Ce film m'a profondément bouleversé, et voir ces femmes et ces enfants innocents se faire tuer m'a profondément attristé. En tant que père, j'ai du mal à imaginer qu'une telle chose ait réellement pu se produire", a-t-il confié à Xinhua.
Il a déclaré qu'avant la projection, il ignorait presque tout de ce qui s'était passé à Nanjing. "Nous n'en savions pas grand-chose en Europe. Le Japon n'a pas non plus reconnu publiquement les faits en disant : "Oui, c'est arrivé". Et c'est triste, car ces gens sont morts en vain. C'était horrible". Il a ajouté : "Si vous essayez d'imaginer ce que ces gens ont traversé... c'était une période terrible et insensée. Je suis heureux que ce soit terminé, et je suis heureux que la Chine se soit relevée".
Erhard Rau, président de l'Association allemande de promotion culturelle et économique, a aussi fait écho à la gravité émotionnelle du film, déclarant à Xinhua que l'armée japonaise a commis de graves crimes de guerre en Chine, mais que l'esprit inflexible du peuple chinois face à de telles atrocités méritait le respect.
"Cette partie de l'histoire reste difficile à affronter pour la société japonaise. Mais les faits historiques ne peuvent être niés, et la vérité ne doit pas être éludée", a-t-il noté.
"C'est précisément pourquoi un film comme celui-ci est si important. Il restaure non seulement un pan négligé de l'histoire, mais nous rappelle également de rester vigilants face à la guerre et de chérir la paix".
