Situé dans la ville de Jiujiang (Jiangxi), le mont Lushan était considéré comme une « utopie » par de nombreux lettrés et intellectuels chinois. Ce site majestueux a également attiré des figures internationales, dont l’écrivaine américaine Pearl Buck, célèbre pour son roman La Terre chinoise, qui lui a valu le prix Nobel de littérature. La romancière a passé une grande partie de son enfance à Lushan et y a commencé sa carrière littéraire.
Le mont Lushan a été l’une des premières zones panoramiques nationales créées en Chine. En 1996, le parc national de Lushan, décrit comme « l’un des foyers spirituels de la civilisation chinoise », a été inscrit sur la Liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. En 2004, il est devenu l’un des premiers parcs du réseau mondial des géoparcs.
Il s’étend sur une superficie de 302 km2 et culmine à une altitude moyenne d’environ 1 200 m. Cette région montagneuse abrite une multitude de paysages naturels époustouflants, tels que des sources cristallines, des vallées verdoyantes et des lacs calmes. Ses pics sont souvent immergés dans une charmante mer de nuages. De plus, le parc regorge de nombreux trésors historiques. Cette harmonie entre vie culturelle, spirituelle et environnement naturel fait de ce site un lieu sacré unique.
La beauté naturelle
L’un des paysages les plus emblématiques de Lushan est le Pic des cinq vieillards, situé au sud-est de la zone. Son sommet, traversé par un col montagneux, se divise en cinq crêtes distinctes qui évoquent cinq vieillards côte à côte.
Le versant sud-est du pic est constitué de falaises abruptes, tandis que le versant nord-ouest offre un terrain bien plus accessible, idéal pour la randonnée. Les visiteurs ont le choix entre une ascension en téléphérique, pour ceux qui préfèrent une montée plus tranquille, et l’escalade d’un sentier de marches, réservée aux plus sportifs.
Arrivés au sommet, les visiteurs sont accueillis par une vue panoramique à couper le souffle : des collines ondulantes s’étendent à perte de vue, évoquant l’image d’une mer agitée.
Un dicton affirme que « personne ne peut prétendre avoir véritablement visité Lushan sans avoir vu la Cascade à trois niveaux ». Cette chute d’eau, située non loin du Pic des cinq vieillards, est considérée comme la plus grande merveille de Lushan. Elle s’étend sur une longueur de 150 m et est divisée en trois niveaux par la falaise qu’elle traverse dans sa descente. Chaque niveau de la cascade se distingue des autres : au premier, l’eau se précipite violemment et verticalement depuis le sommet et au deuxième, elle prend un virage plus doux avant de plonger au troisième niveau dans un lac émeraude profond.
Lushan est aussi célèbre pour sa mer de nuages. Bordé au nord par le fleuve Changjiang et au sud par le lac Poyang, Lushan bénéficie d’un climat humide, propice à une végétation luxuriante. Cette particularité donne lieu à la formation de stratocumulus, des nuages qui se déploient lorsque l’air froid du nord rencontre l’air chaud du bassin du fleuve Changjiang.
Pour les plus chanceux, il est même possible d’assister à un phénomène encore plus rare : la cascade de nuages. D’épais nuages blancs grimpent au sommet et descendent en piqué vers le pied du mont, ce qui ressemble à des vagues en furie.
Des maisons dispersées dans les montagnes verdoyantes dans le bourg de Guling
La rencontre entre l’Orient et l’Occident
Les premiers qui ont placé Lushan sur un piedestal sont les lettrés chinois vivant en ermite, dont Tao Yuanming. C’était à Lushan qu’il a écrit La source aux fleurs de pêcher, un de ses poèmes en prose les plus célèbres. Cette œuvre, dépeignant un havre de paix idéal, a fait de Lushan la première « utopie » de la Chine.
Au pied du Pic des cinq vieillards se dresse un autre édifice culturel : l’Académie de la grotte du cerf blanc. Créée sous la dynastie Tang (618-907) et restaurée pendant la dynastie Song (960-1279), elle est l’une des quatre grandes académies d’enseignement confucéen et un lieu sacré pour les lettrés chinois. Ces académies remplissaient les fonctions à la fois de recherche et d’enseignement, à l’instar des universités occidentales à cette époque-là.
Selon les récits, l’Académie de la grotte du cerf blanc comptait plus de 500 étudiants à son apogée. Elle a aussi accueilli les premiers professeurs étrangers en visite en Chine, dont le célèbre missionnaire italien Matteo Ricci. Entre 1595 et 1598, ce dernier s’est rendu à plusieurs reprises à Lushan pour dispenser des enseignements, faisant découvrir aux étudiants chinois un monde inconnu.
Le bourg de Guling, situé au centre du site de Lushan, est un havre de paix où les touristes peuvent se reposer. L’attraction la plus célèbre de Guling est son complexe de villas, avec 600 bâtiments aux styles variés, allant du baroque au gothique en passant par le style Renaissance. La plupart des villas ont été construites par des missionnaires et des hommes d’affaires étrangers pour répondre au besoin d’hébergement. Aujourd’hui, ce site est considéré comme un haut lieu de villégiature en été et de « musée d’art architectural international ».
La zone panoramique du temple de Donglin pendant les congés de la fête du Printemps
La terre des philosophies différentes
À l’ouest de la zone panoramique de Lushan se trouve une longue vallée d’environ 1,5 km de long : la Vallée du brocart. Ouverte au public dans les années 1980, elle est aujourd’hui une attraction célèbre. Selon la légende, le célèbre moine Huiyuan de la dynastie des Jin orientaux (317-420) avait l’habitude de cueillir des fleurs et des herbes dans cette vallée.
En 384, le moine Huiyuan a construit le temple de Donglin, l’un des plus importants temples bouddhistes de Chine. Au cours des 1 600 années suivantes, près de 700 temples y ont été érigés.
Parmi les sites les plus fascinants de la Vallée du brocart se trouve la Caverne des immortels, un lieu sacré du taoïsme où Lü Dongbin, l’un des huit immortels légendaires du taoïsme, aurait pratiqué et médité. Les falaises environnantes sont ornées de gravures et d’inscriptions bien conservées, datant de différentes dynasties, qui témoignent de la richesse culturelle et spirituelle du site. La caverne est une grotte naturelle d’une hauteur de 7 m et d’une profondeur d’environ 14 m. Au fond, il y a deux sources dont l’eau s’écoule dans la cave en pierre en produisant des tintements mélodieux envoûtants.