Dans un monde en proie au chaos, jamais nous n’avons eu autant besoin de beauté, de simplicité et de lucidité . La poésie, et tout particulièrement celle de Zhao Lihong, s’impose comme un espace de respiration, un moyen d’appréhender l’existence avec une profondeur renouvelée. À l’occasion de l’anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France, j’ai eu l’honneur d’éditer son recueil Métamorphose(s). Mais aujourd’hui, pour la revue Dialogue Chine-France, je suis heureuse de partager avec vous, en exclusivité, l'échange que nous avons eu.
Métamorphose(s) incarne la tension féconde d’un dialogue entre deux civilisations riches de leurs spécificités, mais profondément liées par une humanité partagée. La poésie de Zhao Lihong, à travers des thèmes comme lamémoire, le temps ou la quête de sens, tisse des ponts entre nos cultures, ouvrant un espace de réflexion où s’entremêlent l’intime et l’universel.
Zhao Lihong nous invite ici à dépasser les clivages culturels pour explorer ce qui nous rassemble : un désir commun de comprendre, de ressentir et decréer. Une véritable fragrance de beauté et un appel à la prise de recul, pour mieux saisir l’essence de nos humanités croisées.
Métamorphose(s) évoque une transformation perpétuelle. Comment ce concept traverse-t-il votre vie et votre œuvre ?
Zhao Lihong : Métamorphoses symbolise l’essence même de la vie. Dans mes poèmes, comme dans Métamorphoses ou Éphémère, j’explore cette tension entre ce qui change et ce qui reste. Chaque instant est une transition, une réinvention. Ce recueil exprime mon souhait de capturer ces mouvements imperceptibles, où le monde extérieur et nos pensées se façonnent mutuellement.
La mémoire est au cœur de votre recueil, comme le montre Mémoire. Quel rôle joue-t-elle dans votre création ?
Zhao Lihong : La mémoire, dans Mémoire notamment, devient un entrepôt d’images, de sons et de sentiments. Ce poème est une tentative d’inscrire les souvenirs dans l’éphémère, tout en leur donnant une forme universelle. La mémoire n’est jamais figée : elle évolue, s’enrichit et se transforme, tout comme mes poèmes, qui réinterprètent ces traces du passé .
Dans Cette vie, vous parlez de la dualité entre douleur et plaisir. Comment cette tension s’exprime-t-elle dans votre poésie ?
Zhao Lihong : La vie oscille entre rires et larmes, entre lumière et ombre. Cette vie est un hommage à ces oppositions qui définissent notre humanité . La poésie permet de traverser cette complexité, de la transformer en quelque chose de beau et de durable.
Votre poème Balance explore la tension entre passé et avenir. Comment percevez-vous cette dynamique ?
Zhao Lihong : Balance reflète l’impossible équilibre entre ce qui a été et ce qui sera. Ce poème est une métaphore de l’humanité moderne, où l’on cherche sans cesse un point de stabilité tout en étant emporté par le flux du temps. En poésie, cette tension devient un espace deréflexion et decréation.
Dans Marionnette, vous utilisez une puissante métaphore sur la condition humaine. En quoi ce poème reflète-t-il votre regard sur la société ?
Zhao Lihong : Les marionnettes, si vivantes sur scène, révèlent leur dépendance une fois les fils relâchés. Dans Marionnette, j’explore cette idée de contrôle invisible, qui renvoie à des réalités sociales et personnelles. Ce poème est à la fois une critique et une invitation à questionner nos libertés.
La bibliothèque de ma mère raconte un lien intime et universel. Quelle influence votre mère a-t-elle eue sur votre parcours ?
Zhao Lihong : Ce poème est profondément personnel. Découvrir l’étagère que ma mère avait construite pour mes œuvres a été un moment de grande émotion. Sa présence silencieuse mais constante a façonné ma sensibilité littéraire. Ce poème est un hommage à l’amour maternel, et, à travers lui, à tous ces liens qui nous façonnent.
Votre recueil se termine sur une tonalité méditative, comme dans À la porte du paradis. Que souhaitez-vous explorer dans vos œuvres futures ?
Zhao Lihong : À la porte du paradis est une allégorie sur la quête de sens. Mes poèmes continueront d’interroger ces mystères, sans chercher à les résoudre. Je souhaite explorer davantage la relation entre l’intime et l’universel, toujours dans cet esprit de dialogue entre les cultures.
*SONIA BRESSLER est fondatrice de La Route de la Soie - Éditions.