Sous le ciel de Paris, nombreux sont les mystères amoureux et les élans diplomatiques qui ont marqué l’histoire. Le vendredi 7 février ne fera pas exception. En effet, au sein même de l’UNESCO, s’est déroulé un événement empreint de symbolisme et d’émotion : un Festival international de l’art pour la jeunesse, placé sous le patronage de la Délégation permanente de la République populaire de Chine auprès de l’UNESCO et de son ambassadrice, Madame Yang Xinyu.
Alors que l’année 2025 marque à la fois le 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et celui de la fondation de l’UNESCO, cette soirée a rappelé avec force que, si les conflits continuent de secouer le monde, la culture, elle, demeure une voie de dialogue et d’unité. Organisé par l’Association des Amis de Wu Jianmin en France, la Fondation des Leaders pour la Paix et l’Alliance chinoise Ivy Education, cet événement a réuni sur scène des jeunes artistes de Beijing, Xi’an et Guangzhou, aux côtés d’élèves des écoles françaises de Saint-Germain-en-Laye et d’Alsace.
Une scène d’émotion et d’espoir
Dans une salle où l’émotion surpassait les limites techniques d’une acoustique imparfaite, ces jeunes talents ont offert une démonstration éclatante de créativité et de fraternité. Mais un moment en particulier a suspendu le souffle du public : Victoria Groudiouk, danseuse ukrainienne, et Konstantin Lebedev, danseur russe, évoluant ensemble sous les accords de Sous le ciel de Paris, incarnant, le temps d’une mélodie, la possibilité d’un rapprochement entre des peuples que la guerre divise. Leurs mouvements, à la fois légers et chargés de sens, disaient plus que les discours. Lorsque la dernière note s’est tue sous une salve d’applaudissements, les larmes aux yeux de nombreux spectateurs témoignaient de la force de l’instant.
Le final, où tous les artistes réunis ont entonné « We Are the World » (Une seule famille à travers le monde), a achevé de soulever l’assemblée dans un élan d’unité. Plus qu’un simple spectacle, ce fut une démonstration vivante du pouvoir des arts à transcender les clivages et à poser les fondations d’une culture de paix.
Le pacifisme au cœur de la pensée chinoise
Cet événement, placé sous l’égide de la Chine, fait également écho à une philosophie profondément ancrée dans la pensée chinoise : celle d’un pacifisme qui place la concorde et l’harmonie au centre de la société. Confucius, il y a plus de deux mille ans, enseignait déjà : « 和为贵 » (Hé wéi guì) – « L’harmonie est précieuse. »
Dans la pensée confucéenne, la paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais un état actif d’harmonie entre les individus et les nations. Cette vision se retrouve dans la philosophie taoïste également, où Laozi affirmait dans le Dao De Jing : « Les armes sont des outils de malheur ; les sages ne les utilisent qu’en dernier recours. »
Aujourd’hui encore, cette approche se traduit dans la diplomatie chinoise et ses initiatives de dialogue et de coopération internationale. Ce festival en est un reflet direct : à travers la culture, il s’agit d’éveiller chez les jeunes générations une conscience de la paix, non pas comme un vœu pieux, mais comme un engagement actif et créatif.
L’UNESCO : un sanctuaire pour la paix par la culture
Si cette soirée a revêtu une telle importance, c’est aussi parce qu’elle s’est tenue au sein même de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Fondée en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’UNESCO repose sur une idée essentielle : les guerres naissent dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix.
Depuis près de 80 ans, cette institution promeut la culture, l’éducation et la coopération scientifique comme des remparts contre l’ignorance et la division. Son rôle n’a jamais été aussi crucial qu’aujourd’hui, alors que le monde fait face à des tensions croissantes. Organiser un événement de cette envergure au sein de l’UNESCO, c’était rappeler que la paix ne se décrète pas ; elle s’enseigne, se construit et se transmet.
Un engagement pour demain
Dans les coulisses, ceux qui ont œuvré à la réussite de cette soirée partageaient un sentiment de fierté. Accueillir ces jeunes talents venus de Chine, les voir incarner avec tant d’énergie et de sincérité une vision artistique de la paix, c’était entrevoir une lueur d’espoir pour l’avenir.
Loin d’être une simple parenthèse culturelle, ce festival a posé une pierre supplémentaire dans l’édification d’un monde où les différences ne sont plus des fractures, mais des passerelles. Comme le disait Victor Hugo : « La paix, c’est la vertu de la civilisation. La guerre, en est son crime. »
Si la culture chinoise enseigne que la paix est précieuse et qu’elle doit être cultivée avec patience et sagesse, alors peut-être que ces jeunes artistes, en ce soir de février sous le ciel de Paris, ont déjà commencé à en semer les graines.
(Les photos sont fournies par l'auteur)
*SONIA BRESSLER est fondatrice de La Route de la Soie-Éditions