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De l'or au bout des doigts

2025-02-11 11:58:00 Source: La Chine au présent Auteur: WANG RUYING, membre de la rédaction
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La brodeuse Zhou Xiaojing redonne à la broderie Su ses lettres de noblesse. 

De nombreuses pièces de Zhou Xiaojing sont encadrées pour servir de décoration.

Zhenhu, une commune de vingt mille habitants en bordure du lac Taihu, à Suzhou (Jiangsu), est connue pour la broderie Su, un artisanat deux fois millénaire qui fait vivre plus de 40 % de la population. Parmi eux se trouve Zhou Xiaojing, une trentenaire, dont le commerce se trouve dans la rue Xiupin. Avec quelque 400 commerces, cette artère commerciale et touristique est en grande partie une vitrine pour la broderie Su.

Zhou Xiaojing travaille devant un cadre de broderie.

Initiation et fascination

Dès son enfance, Mme Zhou a été fascinée par cet art. « Mes grand-mères, ma mère et les autres femmes de ma famille savent toutes broder. Chez nous, les femmes gagnent leur vie grâce à cette technique. À l’âge de cinq ans, j’ai commencé à apprendre auprès de ma mère. Cela m’a fascinée et j’ai voulu y consacrer ma vie. »

Devenir brodeuse professionnelle n’est pas facile, explique-t-elle. Il faut trois à cinq ans d’apprentissage et au moins dix ans pour maîtriser des techniques avancées. « Si l’on n’aime pas la broderie, il est difficile de tenir le coup », observe-t-elle. Beaucoup de personnes de son âge ont abandonné, car le revenu est loin d’être à la hauteur de la difficulté.

Comme tous les autres apprentis, Mme Zhou fait aussi face à de nombreux défis. « Si je peux maîtriser les techniques de broderie à force de pratique, ce qui me donne le plus de difficulté, c’est de lui donner un aspect le plus proche possible de la réalité », confie-t-elle. Elle puise ainsi son inspiration dans le monde réel. Pour broder des pivoines, elle les observe attentivement sous tous les angles, surtout les pétales. Lorsqu’elle brode un village d’eau du Jiangnan, elle s’imprègne de ses paysages. Avant de broder des poissons rouges, elle en a acheté quelques-uns pour étudier leur forme et leur déplacement. C’est en maîtrisant les caractéristiques des objets qu’elle veut broder qu’elle peut ainsi créer des œuvres expressives.

La tendance actuelle de la broderie Su se tourne vers la simplicité et l’élégance.

Minutie et expressivité

En octobre 2024, une broderie double face de poissons rouges a fait de Mme Zhou une vedette sur Internet. Sur la planche de travail qu’elle a dressée, on pourrait croire que les poissons rouges nagent réellement dans l’eau, leurs queues brillant d’un éclat chatoyant.

Derrière cette œuvre se cache tout un art. Mme Zhou explique que c’est la finesse du fil à broder qui rend les poissons rouges si expressifs. D’un simple fil, elle en déroule 128 dont elle se sert pour composer son tableau. « Chaque fil est tellement fin que je dois faire attention en appliquant la force pour éviter qu’il se rompe. La palette de couleurs des fils varie et il est difficile de la discerner. Cela demande de la patience et de l’expertise, mais ça vaut la peine », remarque-t-elle.

Elle regrette que la broderie Su perde quelque peu en notoriété. « Je suis très contente que ma broderie avec les poissons rouges soit connue du grand public. J’espère que ceux qui pourront en apprendre davantage sur la broderie Su et l’apprécier grâce à cette œuvre seront plus nombreux. »

La broderie double face de poissons rouges

Transmission et innovation

Pour encourager la jeune génération à se lancer dans la broderie, il faut innover. Quand elle en a le temps, Mme Zhou suit des cours dans des écoles d’art. Elle tente d’incorporer différents styles et de nouveaux éléments dans la broderie. « Auparavant, les sujets étaient souvent la peinture traditionnelle chinoise et la calligraphie. Aujourd’hui, les brodeuses préfèrent un style simple et élégant, car c’est ce qui plaît aux jeunes », remarque-t-elle. Et broder des motifs sur les accessoires pour les cheveux, les boucles d’oreille, les casques audio, les coques de téléphone, les vêtements et les meubles permet à cet art de s’intégrer aux objets de la vie courante.

La broderie Su est l’une des quatre écoles de broderie les plus connues en Chine. En 2006, elle a fait son entrée sur la première liste du patrimoine culturel immatériel de niveau national. Zhenhu est à la fois le berceau et le premier fabricant de broderie Su, avec 80 % de parts de marché. Avec une production en constante augmentation, elle dégage un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de yuans. Sa visibilité a également augmenté, beaucoup de produits brodés étant offerts aux dirigeants étrangers ou présentés lors de rencontres diplomatiques.

L’œuvre Banquet du soir utilise plus d’un millier de couleurs.

Le gouvernement de Suzhou a également pris une série de mesures pour transmettre et développer la broderie Su. Des ateliers de broderie, des établissements artistiques et des centres de démonstration ont été créés à Zhenhu pour promouvoir la conception, la R&D, la production, la demande de brevet et la protection de la propriété intellectuelle de la broderie Su. De grands maîtres proposent également des produits créatifs pour que cet artisanat retrouve une nouvelle vitalité.

 

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