À travers le livre Cheminements : l’écho des poètes, publié par La Route de la Soie – Éditions, Zhao Lihong offre bien plus qu’un recueil poétique. Il nous donne à lire et à voir un espace de dialogue entre deux humanités, deux sensibilités, deux mondes que l’on croit parfois lointains, mais que la poésie rapproche avec une évidence douce.
Depuis plusieurs décennies, Zhao Lihong est l’une des figures majeures de la poésie contemporaine chinoise. Son œuvre, à la fois enracinée dans la culture classique et attentive aux mutations du monde moderne, trouve dans ce nouveau livre un souffle renouvelé. Cheminements : l’écho des poètes est le fruit d’un projet éditorial pensé pour faire résonner son univers dans la sensibilité francophone. Cette édition illustrée, où l’auteur lui-même signe les dessins, a été conçue comme une passerelle. Une manière sensible d’inviter les lecteurs français à entrer, pas à pas, dans la matière vivante de la poésie chinoise contemporaine.
Le titre lui-même est un programme : Cheminements. Il ne s’agit pas d’un trajet rectiligne ni d’un discours magistral. Il s’agit d’une avancée partagée, d’un mouvement lent et méditatif, où les mots tracent des sentiers d’émotion, de mémoire et de beauté. En chinois comme en français, la poésie est ce lieu du langage où le silence et le sens peuvent coexister. Là où la pensée ne cherche pas à dominer, mais à comprendre ; là où la forme est indissociable de l’éthique du regard porté sur le monde.
L’originalité de ce livre tient aussi à sa genèse. Il ne s’agit pas d’une simple traduction, mais d’un travail de complicité. D’un cheminement éditorial, pensé et voulu pour permettre une résonance vraie avec le lecteur français. Après Métamorphose(s), ce nouvel ouvrage prolonge l’expérience, mais en ouvrant davantage encore le champ de l’intime et de la contemplation.
Ce livre participe d’un mouvement plus large, que la revue Dialogue Chine-France a vocation à encourager : celui de la connaissance mutuelle, du respect des singularités, et de la conviction que la culture est l’un des plus puissants vecteurs de paix. En ce sens, la poésie de Zhao Lihong n’est pas seulement un témoignage littéraire, mais un acte de présence dans le monde. Elle dit le lien entre l’homme et la nature, entre l’histoire et la mémoire, entre le visible et l’invisible. Elle rappelle aussi que, malgré les différences de langues et de références, ce qui touche profondément l’âme humaine est souvent universel.
Dans un monde en mutation rapide, où les tensions géopolitiques peuvent brouiller les compréhensions culturelles, un livre comme Cheminements nous ramène à l’essentiel : la nécessité de l’écoute, la beauté du regard partagé, et l’importance de préserver les espaces du sensible. Ce livre est un pont : non pas un pont de conquête, mais un pont d’attention, un fil tissé avec soin entre deux rives.
À travers chaque vers, chaque trait de pinceau, Zhao Lihong invite à ralentir. Il nous rappelle que la poésie n’est pas un luxe, mais une forme de sagesse. Un outil discret mais puissant pour renouer avec l’autre, et peut-être aussi avec soi-même.
Dans ce livre, j’ai vu une main tendue. Un geste de dialogue authentique, porté par la conviction que l’art peut dépasser les frontières. En ces temps de crispation et de vitesse, Cheminements nous apprend à regarder autrement, à marcher ensemble, à écouter l’écho fragile mais tenace des poètes.
*SONIA BRESSLER est fondatrice de La Route de la Soie-Éditions