À l’occasion du Sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), Hasnaine Yavarhoussen, directeur général délégué du Groupe filatex, premier producteur privé d’énergie à Madagascar, s’est rendu à Beijing. En tant qu’acteur économique incontournable de la Grande Île et du continent africain, le Groupe filatex a pris part à ce forum économique de haut niveau en tant que membre de la délégation économique officielle malgache. Cette participation a également permis au Groupe filatex d’explorer de nouvelles opportunités de partenariats dans ses domaines d’expertise stratégique à travers le continent africain.
M. Yavarhoussen a notamment assisté à la signature d’un accord de partenariat entre l’État malgache et une entreprise chinoise spécialisée dans le secteur de l’énergie. À Madagascar, la production d’électricité, encore largement dépendante des sources fossiles, subit des pertes techniques estimées à environ 35 % sur le réseau de distribution. C’est dans ce contexte que le Groupe filatex contribue activement aux efforts nationaux de modernisation du réseau électrique, avec pour objectif de réduire ces pertes à 5 %. « L’industrialisation de Madagascar ne pourra se faire sans une électricité plus abordable et une amélioration significative de la qualité de service », a déclaré M. Yavarhoussen.
Groupe filatex, qui collabore depuis plusieurs années avec des entreprises chinoises, illustre parfaitement la coopération pragmatique sino-africaine.
Les investissements chinois en Afrique continuent de stimuler la croissance économique du continent et d’accélérer son industrialisation, selon le Rapport 2024 sur les investissements de la Chine en Afrique, publié le 23 août par le China-Africa Business Council (CABC). Ce rapport, fruit de recherches menées sur le terrain en collaboration avec des instituts de recherche et de conseil chinois et africains, s’inscrit dans le cadre du Plan d’action de Dakar (2022-2024), adopté lors de la 8e Conférence ministérielle du FCSA. Il est publié chaque année depuis 2021.
Expansion des domaines d’investissement
Les données du ministère chinois du Commerce (MCC) montrent qu’à la fin de 2023, le stock d’investissements directs de la Chine en Afrique dépassait 40 milliards de dollars, faisant du pays l’une des principales sources d’investissements étrangers en Afrique. Au cours des trois dernières années, les entreprises chinoises ont créé plus de 1,1 million d’emplois locaux. Les parcs industriels, tels que celui de Lekki au Nigeria et TEDA Suez en Égypte, dans lesquels elles ont massivement investi, couvrent des secteurs variés comme l’agriculture, la transformation industrielle, la fabrication et la logistique commerciale. Ces zones ont attiré plus de 1 000 entreprises, contribuant ainsi de manière significative à l’augmentation des recettes fiscales locales et à la génération de devises par les exportations.
Selon le rapport du CABC, les infrastructures jouent un rôle clé dans le soutien à l’industrialisation. Une étude de l’International Finance Corporation estime que pour que l’Afrique subsaharienne atteigne ses objectifs de développement durable, elle doit investir environ 7,1 % de son PIB dans la construction d’infrastructures chaque année. Cependant, en 2023, les investissements réels ne représentaient que 3,5 %. Dans ce contexte, les infrastructures sont devenues un pilier central de la coopération industrielle sino-africaine. D’après le MCC, l’échelle de la coopération en la matière dépasse 37 milliards de dollars par an, contribuant ainsi à l’industrialisation et à la diversification économique de l’Afrique.
Dans le secteur des transports, les entreprises chinoises ont mené à bien plusieurs projets d’infrastructures, tels que des autoroutes, des chemins de fer et des ports, améliorant considérablement l’efficacité logistique intra-africaine, réduisant les coûts de transport et favorisant l’intégration régionale. Par exemple, la ligne ferroviaire Mombasa-Nairobi a permis au Kenya de réduire ses coûts logistiques de plus de 40 %, renforçant ainsi le développement économique local.
Le rapport souligne également que les investissements chinois en Afrique se diversifient progressivement, au-delà des secteurs traditionnels comme la construction, l’exploitation minière, l’énergie et l’ingénierie, pour s’étendre à des domaines émergents tels que l’économie numérique, le développement durable et les services financiers. Cette diversification aide l’Afrique à améliorer la résilience et la compétitivité de son économie tout en offrant davantage d’opportunités d’investissement aux entreprises chinoises.
Mustafa Rawji, directeur général de Rawbank, première banque privée en République démocratique du Congo (RDC), a confié : « Ce qu’on voit de nouveau, c’est davantage d’investissements chinois dans le domaine technologique. La Chine continue petit à petit à exporter sa technologie pour installer des réseaux de télécommunications et des centres de données en Afrique. » Ces propos trouvent un écho dans le rapport, qui indique que ces investissements ont non seulement amélioré la cyberinfrastructure dans les pays africains, mais ont également favorisé la construction d’infrastructures numériques, stimulant ainsi la numérisation et la mise à niveau des industries africaines.
« Mieux vaut apprendre à quelqu’un à pêcher que de lui donner des poissons. » Cette maxime illustre bien l’approche des entreprises chinoises en Afrique, où elles jouent un rôle crucial dans la formation des techniciens locaux. Huawei, par exemple, a investi plus de 150 millions de dollars dans des programmes de formation de talents, touchant plus de 150 pays, y compris en Afrique, et bénéficiant à plus de 1,54 million de personnes. Ces initiatives n’ont pas seulement soutenu l’expansion de Huawei sur le continent, mais ont également permis de constituer un vivier de talents qualifiés, dotés de compétences professionnelles et d’un esprit d’innovation, selon le rapport.
Dans ce processus, les connaissances locales sont essentielles pour faciliter l’introduction des investissements chinois. Les pays africains présentent une grande diversité en termes de conditions locales, ce qui peut poser des défis pour les entreprises étrangères. Toutefois, cette diversité souligne l’importance du savoir local dans la planification des politiques industrielles et le développement des entreprises.
« Pour les entreprises qui souhaitent investir en Afrique, il est essentiel de connaître le terrain. Il faut s’appuyer sur les chambres de commerce locales pour obtenir toutes les informations nécessaires à l’installation », a indiqué Mbuyi Junior, fondateur et PDG de JPG Consulting Partners Group. Grâce à cette expertise locale, les investisseurs chinois peuvent mieux appréhender le cadre juridique, s’adapter aux spécificités du marché africain, minimiser les risques légaux et respecter les cultures et traditions locales, assurant ainsi le succès de leurs projets.
Répondre à la demande africaine
Le secteur de la transformation des ressources naturelles offre le plus grand potentiel d’exportation en Afrique. D’après un reportage du Quotidien du Peuple, le continent regorge de ressources minières, représentant 23 % des réserves mondiales, mais sa production ne contribue qu’à hauteur de 9 % de la valeur globale. Face à cette disparité, plusieurs pays africains ont mis en place des réformes pour encourager la transformation locale des minéraux et ainsi générer davantage de valeur ajoutée.
Le MCC dévoile qu’à la fin de 2021, les investissements directs chinois dans le secteur minier africain s’élevaient à 9,99 milliards de dollars, soit 22,6 % du total des investissements chinois en Afrique. Les entreprises chinoises y développent une chaîne d’approvisionnement complète, intégrant la recherche, l’exploration, l’extraction, la transformation et la vente. Elles créent notamment des parcs industriels intégrés, en amont et en aval, visant à accroître la valeur ajoutée locale.
L’ambassadeur du Niger en Chine, Garba Seyni, a souligné que « l’un des projets sino-nigériens les plus significatifs est l’exploitation du gisement d’Agadem par la China National Petroleum Corporation, faisant du Niger un producteur de pétrole ». La construction d’un oléoduc de 2 000 km reliant les champs pétroliers du Niger au port du Bénin illustre l’ampleur et l’ambition des investissements chinois dans le secteur énergétique nigérien. Selon lui, cette collaboration ne se limite pas à l’industrie pétrolière, mais s’étend également aux secteurs de l’uranium et du ciment, démontrant la diversité des investissements chinois au Niger.
L’industrialisation du secteur manufacturier est, depuis des décennies, la priorité absolue du programme de développement de l’Afrique. L’Agenda 2063 de l’Union africaine souligne l’importance de l’industrie manufacturière, en particulier des pôles manufacturiers régionaux, pour la transformation des économies africaines.
Selon le MCC, la Chine n’a cessé d’augmenter ses investissements dans le secteur manufacturier en Afrique, avec des investissements directs s’élevant à 400 millions de dollars par an. Les investissements chinois sont de plus en plus centrés sur les besoins du marché et les tendances du développement industriel, soit des « investissements orientés vers le marché ». Les entreprises chinoises tirent pleinement parti des avantages africains en matière de ressources et de main-d’œuvre pour créer des bases de production locales et fabriquer des produits adaptés aux besoins du marché local, stimulant ainsi le développement des chaînes industrielles pertinentes et favorisant la modernisation et la transformation de l’industrie africaine.
En plus des industries à forte intensité de main-d’œuvre, les entreprises chinoises investissent dans des secteurs liés aux hautes technologies, notamment la santé, les médicaments, les nouvelles énergies et l’information électronique, activant ainsi la coopération économique et commerciale sino-africaine.
Ces dernières années, les économies africaines ont accéléré leur développement, traçant une voie unique vers une modernisation « à l’africaine », et transformant le continent en une région pacifique et prospère. Dans cette dynamique, les entreprises chinoises se sont engagées à soutenir l’Afrique dans son exploration vers la modernisation, comme le note le rapport.
Dans les trois ans à venir, la Chine entend travailler avec l’Afrique pour développer dix Actions de partenariat sur la modernisation, approfondir la coopération sino-africaine et guider la modernisation du Sud global. Pour assurer la mise en œuvre des dix Actions de partenariat, le gouvernement chinois accordera à l’Afrique un soutien financier de 360 milliards de yuans, dont 210 milliards de yuans de ligne de crédit, 80 milliards de yuans d’aides sous différentes formes et au moins 70 milliards de yuans d’investissements d’entreprises chinoises en Afrique, a annoncé le président Xi lors du Sommet 2024 du FCSA.
« Ce forum permet des partenariats qui ne se limitent pas à un projet unique. C’est une collaboration que nous espérons voir se prolonger avec d’autres projets, toujours dans un esprit gagnant-gagnant : gagnant pour l’entreprise privée que nous sommes, gagnant pour Madagascar et gagnant pour les entreprises chinoises », a conclu M. Yavarhoussen.